“dépaysés à la manière des Français que l’on sent partout exilés”.

    Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Karen Blixen dans La Ferme africaine à propos des Pères de la Mission catholique française, alors installée à Nairobi (Kenya) : “Malgré tout l’intérêt dont ils faisaient preuve à l’égard de la colonie, on les y sentait dépaysés : dépaysés à la manière des Français que l’on sent partout exilés”… Je ne résiste pas à partager ce sentiment de l’écrivain danois qu’il me semble, en effet, avoir moi-aussi observé et partagé. L’on sent dans ces quelques mots tout le talent de l’écrivain : elle parsème son ouvrage de semblables notations, elle a cette capacité à synthétiser en une phrase une somme d’observations, le tout sans porter de jugement moral étroit, mais avec une sorte de sensibilité presque ethnographique —, sans doute fondée et nourrie dans l’enfance par ses grandes marches dans la forêt danoise. Elle capte ce qu’il y a de singulier, et parvient à le partager avec une finesse non dépourvue, parfois, de tendre moquerie ! Merveilleuse Karen !

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Sur la fierté