Lug, il nous faut célébrer !

Le passage de Juillet à Août : signes, communication et régime d’expression

Voici que s’achève bientôt le mois de juillet ! Le septième mois de notre calendrier, celui des vacances, les vraies, “les grandes”, celles qui bouclent l’année scolaire. Si je me demande ce que m’évoque spontanément juillet, je réponds la mer, l’océan, les vagues, la liberté, le feu d’artifice du 14 juillet, un goût mêlé de fêtes foraines, d’odeurs de barbes à papa, des enfants, un air de cigale, des nuits peuplées d’insectes et des prairies bruissantes. Juillet, en France, c’est tout cela à la fois, et bien plus encore si l’on plonge dans notre culture au long cours.

On se prépare pour Lugnasad

Et célébrer Lug, c’est se tourner vers le Soleil, célébrer la lumière. Notre culture au long cours est, en effet, implicitement traversée, nourrie par le culte solaire.

Qui est Lug ? Lug, dans la mythologie celtique, est une figure majeure : un dieu solaire, de lumière, de savoir et d'habileté. Il est souvent surnommé “le dieu aux multiples talents” parce qu’il maîtrise tous les arts : musique, poésie, médecine, droit, guerre, artisanat, magie...

Il est considéré comme un dieu-roi, un médiateur entre le monde humain et le monde divin. Dans certaines traditions, il est même perçu comme l’incarnation de la souveraineté idéale, celle qui éclaire et fertilise.

Son nom pourrait venir de la racine indo-européenne leuk, qui signifie “lumière, brillant”.

Lug est également un dieu guerrier et stratège, célèbre pour avoir vaincu les forces de chaos (les Fomoires) lors de la grande bataille de Mag Tuired, grâce non pas à sa force brute, mais à son intelligence et ses dons multiples.

On le fête lors de Lugnasad, début août, en son honneur et en mémoire de sa mère adoptive, Tailtiu, qui mourut d’épuisement après avoir préparé les terres pour l’agriculture. Cette fête est donc aussi un hommage aux efforts de la terre nourricière et à la gratitude envers les récoltes. C’est là (re) trouver l’image de Mother Earth chère aux cultures natives d’Amérique.

 

Mais parlons de Lugnasad, cette fête d’origine celtique. Elle marque traditionnellement le début des récoltes, et plus symboliquement encore, la maturité du cycle de l’année. Il ne s’agit pas d’un jour fixe – comme notre 31 juillet ou 1er août – mais d’une période calendaire basée sur un système luni-solaire.

Les Celtes, en effet, ne fonctionnaient pas selon notre calendrier grégorien actuel. Leur temps était rythmé par les cycles de la lune autant que par la course du soleil : chaque fête tombait donc à un moment variable selon les années, déterminé par l’observation des astres.

Ce qui fait de Lugnasad une fête flottante, ajustée à la réalité vivante du monde, et non à une rigueur abstraite. Cela en dit long sur la perception du temps dans les sociétés anciennes : un temps organique, mouvant, sensible.

Que nous dit ce temps de Lugnasad ? Accepter le cycle de Vie-Mort-Vie, avec une nuance de délicate mélancolie

On intègre une conception cyclique du temps dans notre vie : quand Juillet nous envoie ses signes (animaux, arbres, plantes, chaleur des pierres, le vent dans les arbres, les prairies qui bruissent et vrombissent d’abeilles).

Une conception cyclique ne signifie pas un retour à l’identique qui serait aussi ennuyeux qu’angoissant : l’homme, enfermé dans la répétition des saisons, vivrait au fond la même existence que ses aïeux. Bigre, cela donnerait envie de fuir dans la technologie la plus “hype”, celle qui nous promet de constantes innovations. Mais une juste compréhension de cette conception hésiodique du temps nous montre au contraire que le processus est tout autre : c’est le cycle lui-même qui permet le renouvellement, la régénération, la nouveauté dans l’élan vital.

Le temps des fruits mûrs… et de la patience

Lugnasad, c’est le temps de la maturation. Celle des blés dorés sous le soleil, des fruits gorgés de lumière, des légumes qui emplissent les paniers. C’est un temps d’abondance promise mais pas encore acquise, ce qui demande… de la patience.

Et peut-être est-ce là le plus difficile à apprendre aujourd’hui : la patience du mûrissement. Nous vivons dans la productivité constante, la publication quotidienne. Mais Lug nous rappelle que le Soleil ne fait pas tout. Il faut aussi attendre que les choses se posent, se forment, prennent leur place.

Il y a une certaine nostalgie dans cette période, pour qui sait écouter. Car même si la chaleur est encore là, l’été commence à décliner. Le soleil, imperceptiblement, raccourcit sa course ; les nuits s’allongent déjà.

Le sentiment du temps qui passe

Pour ma part, je ressens cela tout particulièrement. Il y a déjà un léger frisson qui passe dans les soirées tièdes. Une sensation subtile que le cœur de l’été est déjà en train de battre plus lentement. Et pourtant, notre calendrier professionnel nous trompe : c’est la pause estivale, la parenthèse, alors même que la roue tourne, que quelque chose se transforme.

Dans cette lumière dorée et ce temps de passage de juillet à août, nous pouvons ressentir une mélancolie fertile. Ni tristesse, ni résignation : une invitation à reconnaître que rien ne dure, que tout change, et que c’est justement là, dans ce renouvellement, que naît la beauté du monde.

Et toujours, Lug

Quand Lug s’invite de nouveau dans nos existences en 2025, il nous chuchote de garder les yeux ouverts : sur les signes de la nature, sur les changements en nous, sur les cycles du monde. Accepter ce qui doit l’être et refuser tout de go ce qui doit l’être aussi ! Voilà peut-être ce que Lug nous enseigne aussi : trier, clarifier, choisir.

Et pourquoi pas, pour entrer dans cette vibration particulière, écouter Sonnenreigen – Lughnasad du groupe allemand Faun. Cette musique, inspirée, enracinée, nous relie à l’ancien et nous parle pourtant au présent. 

https://www.youtube.com/watch?v=PhtHmAIY-V4&list=RDPhtHmAIY-V4&start_radio=1

Bref, on est riiiiiiiiiches !
Et peut-être, au creux de ce mois d’août qui approche, juste assez riches pour faire silence, écouter, sentir le monde mûrir… et mûrir avec lui.

 

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