L’importance des déserts

Longtemps, j’ai traversé des déserts.

Celui des institutions, des réunions, des boîtes mails dites professionnelles. Le bruit était du silence pour les cœurs, et les cadres bâtis me semblaient vides et inhabités. Ces lieux étaient hostiles et y rester quelques heures devaient dessécher mon âme.

De temps à autre, la source fraîche d’un vrai sourire. L’oasis d’amitiés sincères et de respect mutuel.

Mais, le plus souvent, les tempêtes de sable agressives de mots insultants, d’ironie bête et de brutalité. Les structures types de la domination. La pyramide du pouvoir et du mensonge.

Les femmes jalouses les unes des autres. Les allusions malignes. Les chuchotements et les cris. La peur, la peur sournoise qui pousse à attaquer l’autre, le naïf, l’ingénu, celui qui croit que bien faire peut suffire.

Garder le cap de la caravane. Traverser ce désert d’hommes et de bâtiments froids. Retrouver le ciel immense, l’eau, le sens de la parole juste et belle, l’ornement gracieux, le compagnonnage de la terre et le cadeau divin fait aux hommes de bonne volonté : le Verbe.

Raconter des histoires et s’en laisser conter pour avancer ensemble sur le chemin des hommes. Oser prendre sa place dans le concert des langues. Écouter la respiration du français, sa liaison, sa fluidité native et avancer, avancer, avancer patiemment.

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